Peuple haïtien,
Ce 29 mars marquera le trente-quatrième anniversaire depuis que vous avez scellé un acte solennel pour le respect de votre Haute Dignité humaine, pour l’adoption du pluralisme politique, pour l’inviolabilite des droits de toutes les haitiennes et de tous les haïtiens de pouvoir vivre libres, en toute sécurité, en paix avec les chances égales d’accès au bien-être global. C’était la consécration de la norme fondamentale par laquelle vous avez institué les pouvoirs de l’Etat, déterminé leurs attributions et les modalités de leur collaboration, fixé les droits inaliénables des citoyens et les obligations qui en découlent.
C’est la Constitution de 1987, le contrat collectif impérativement valide entre les gouvernants et les gouvernés pour la concorde sociale, la stabilité étatique, la garantie du développement économique. Ce contrat ne peut être rompu ni modifié par la seule volonté ni les caprices autoritaires d’un usurpateur. Quand cette mésaventure terrifiante se produit, les troubles sociaux s’enchaînent, la répression féroce contrarie l’exercice des libertés individuelles, les institutons publiques sont désorganisées et l’Etat se trouve alors menacé de disparition.
Peuple Haïtien,
La nation est disloquée et minée par des dissensions dont certaines sont entretenues par un esprit politicien retors, égocentrique et méchant. Elle court les plus graves dangers de son existence sous la menace d’une dictature aveugle, insatiable de sang et de chairs sacrificatoires. On peut toujours vouloir réprimer, torturer, assassiner. Mais l’intime conviction populaire, quand elle s’enracine dans des principes cardinaux de défense des droits humains, de l’ordre public et de la protection sociale généralisée, ne peut être vaincue ni renversée par les armes, ni par la foudre autoritaire.
L’autoritarisme est anachronique. Quelque soit l’appui externe insidieux et déguisé dont il se croit usufruitier, il reste et demeure une nouvelle forme de rébellion contre l’ordre international qui, sans hypocrisie, veut que les sociétés nationales soient bien gouvernées sous l’empire d’un régime de droit établissant la prééminence des droits humains, fixant des élections régulières transparentes, pluralistes et démocratiques, protégeant la coexistence normale de la société civile et garantissant l’indépendance effective de la justice.
Dans le monde moderne auquel le peuple s’est rattaché depuis la ratification, le 29 mars 1987, de la légitime Constitution en vigueur, la dictature, dis-je, la dictature, je répète, la dictature, j’insiste, est contre l’ordre moral universel. C’est pourquoi je me félicite que des citoyennes et des citoyens dignes de ce nom l’aient compris et se préparent à descendre dans les rues massivement à travers le pays pour signifier avec force et détermination que la dictature est inacceptable. Elle est source de mauvaise gouvernance, de corruption, de vols, de crimes financiers, de viols, d’assassinats, de destructions institutionnelles,de perversion sociale et de toutes autres activités criminelles de toutes sortes.
J’en profite pour adresser mes plus profondes sympathies à toutes celles et à tous ceux qui ont été victimes de ces actes crapuleux qui endeuillent de plus en plus les familles haitiennes. J’adresse particulièrement mes sympathies à la magistrature haitienne toute entière qui pleure aujourd’hui même l’enlèvement du Magistrat Eno René Louis. Force et courage à vous qui défendez l’honneur de la toge et de la toque sacrées inaccessibles par le devoir absolu d’honnêteté. Il est temps que le pouvoir arrête le pouvoir !
A toutes les personnes morales et physiques qui, à la dictature, opposent une vive résistance qui doit durer aussi lontemps, j’exprime avec mes sentiments patriotiques mes félicitations les plus chaleureuses. La nation est fière de vous.Vive la Constitution de 1987 !Vive le pluralisme politique !Vive une justice forte et indépendante !
Vive l’Opposition! Vive la société civile! Vive la coexistence pacifique! Vive la Nouvelle Nation Unie et Solidaire!
Joseph Mécène Jean Louis
Président désigné de la Transition de Rupture