Il y a de l’évolution dans le camp de l’opposition politique. Elle ne parle plus de transition mais plutôt d’un gouvernement d’entente nationale constitué d’un premier ministre issu d’un consensus. Ce premier ministre selon l’esprit de l’article 149 devra aussi jouer le rôle de président et organiser les élections car les opposants réclament encore le départ du Président Jovenel Moïse. Une transition qui ne dit pas son nom !
Intervenant à l’émission Haïti Débat, Youri Latortue dont le parti est signataire de ce nouvel accord a laissé comprendre que l’opposition politique voulait enlever la perception selon laquelle elle veut prendre le pouvoir par la transition parce qu’incapable de gagner le pouvoir par les urnes. Pour cette raison, Latortue souhaite que ce premier ministre ne soit pas un politicien.
Du train où vont les choses, l’on pourrait se demander qu’en est-il de Mécène Jean-Louis. Latortue a stipulé que l’histoire retiendra de Mécène Jean-Louis, celui-là qui a fait le grand sacrifice le 7 février 2021. Il est en réserve de la République, a avancé le leader du parti Ayiti An Aksyon. Avant Youri Latortue, le leader politique de Antant, Steven Benoît, également membre de l’accord du 5 juin 2021, avait plaidé pour un départ ordonné de Mécène Jean-Louis. La grande question est de savoir si Jean-Louis était réellement installé. Ce qui est certain, pour l’heure, c’est que ce juge de la cour de cassation mis à la retraite par Jovenel Moïse a fini de jouer sa partie dans le film, les signataires de l’accord du 5 juin 2021 ne prévoient guère qu’il fasse des épisodes supplémentaires.
Cette légère évolution dans le camp des opposants peut-être aussi constatée à travers la décision de renforcer leur stratégie diplomatique. Selon Latortue, il faut la diplomatie, la négociation en addition à la mobilisation dans les rues. Dans cette perspective, des opposants ont rencontré la mission spéciale de l’OEA chargée de faciliter le dialogue entre les acteurs. L’on ne connaît pas les retombées de ces échanges mais Latortue et Boulos se montrent plutôt satisfaits de la rencontre. Pendant que l’opposition se concentre sur le « next move » pour faire échec à Jovenel Moïse, un joueur brille par son absence sur le terrain : Le secteur démocratique et populaire, figure de proue de l’opposition face au régime PHTK.
Le secteur démocratique et populaire de Nenel Cassy et d’André Michel a effectué le divorce avec la Direction Politique de l’Opposition Démocratique (DIRPOD) il y a quelques jours. Cette fois-ci, il est complètement laissé seul par les autres structures politiques de l’opposition qui avancent vers une nouvelle direction. Malgré tout, le secteur démocratique et populaire demeure fidèle à ses principes. Le secteur démocratique et populaire a refusé de s’asseoir avec les émissaires de l’OEA et persiste, s’obstine à faire de Mécène Jean-Louis le successeur de Jovenel Moïse, le président provisoire, l’homme par qui doit passer tout accord, tout dialogue.
Le secteur démocratique et populaire se retrouve seul avec son président et sa transition de rupture. Il faut aussi signaler que Pitit Dessalines de Moïse Jean-Charles n’est pas partie à l’accord. Ils pourraient donc composer ensemble mais cela paraît improbable. Que peut-on espérer de cette nouvelle direction de l’opposition politique ? Quel est l’avenir politique du pays dans les prochains huit mois ? Jovenel Moïse va-t-il céder à l’opposition ? Suspens.
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